Les ALPES – Pas de la Coche

Entre Saint-Pierre-de-Chartreuse et Saint-Jean-de-Maurienne
Saint-Pierre-de-Chartreuse – Brignoud – Laval – Le-Rivier-d’Allemont –
Saint-Sorlin-d’Arves – Saint-Jean-de-Maurienne

Partis de Laval de bon matin…

Partis de Laval de bon matin, la route étant rude jusqu’au Rivier-d’Allemont, Gégé (dont nous parlerons dans nos hébergeurs) nous rejoint dans sa 4L à l’âge incertain et nous propose de nous avancer un peu. C’est une entrée en grandes pompes dans le massif de Belledonne, dans les Alpes. Derrière nous, nous laissons la Grande Chartreuse. Direction le Pas de la Coche 1989m (Coche : du français coche, encoche, entaille, dans le sens de brèche en montagne, passage ou col, ou dépression de terrain).

entre Saint-Pierre-de-Chartreuse et Laval

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Partis pour un dénivelé de 1400 m…

Nous voilà donc partis pour un dénivelé de 1400 m, plus la descente assez raide vers Le Rivier d’Allemont. Une grande montée vers le Pas de la Coche… Et là à la hauteur du chalet d’alpage d’Aiguebelle, je me pause sur un rocher adapté à mon coccyx déjà fêlé depuis si longtemps ! Tel l’aquarelliste je brosse ma compagne, « Ma » Dom, si heureuse dans les hauteurs et tellement dans son élément, comme un poisson dans l’eau de son bain. Mon Grand Corbeau* bleu indigo, aux impétueuses envolées, aux superbes arabesques, mon Grand Corbeau Indigo… est libre.

*Pour ceux qui ne connaissent pas ce fabuleux corvidé des Alpes : Le Grand Corbeau a un plumage brillant avec des plumes irisées bleu-violet. Il porte de longues plumes ébouriffées sur la gorge. Elles forment un arrondi, comme un éventail semi-circulaire. Elles sont utilisées pour la communication entre membres d’un groupe. Il a un vol agile et puissant. Il plane comme un rapace dans les courants thermiques à haute altitude. Il effectue des vols de parade acrobatiques et des combats aériens, faisant des loopings et des mouvements élaborés en vol.

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La montée au Pas de la Coche…

Elle se sent bien, légère, heureuse…
Comme un Grand Corbeau Indigo…

Où va mon Grand Corbeau d’un pas volontaire
Les yeux fixés sur le chemin de pierres
Les degrés la transcendent tout en montant
Elle vole, plane, car c’est tout ce qu’elle attend

Le rude sentier serpente, sinue, zigzague
Parmi la mousse et l’herbe en vagues
Dans les prés mouillés et fleuris
Qu’ombragent les bois assombris

Plus haut encore le chemin disparaît
Sous les voûtes célestes de la forêt
Et ses pieds se font encore plus légers
Parmi les rocs, les pierres qu’il faut sauter

Elle sort du bois son œil pétillant de voyoute
Car la vue la transporte et l’envoute
Levant la tête, elle découvre… les Alpes
Là, debout, pour de mystérieuses agapes

Elle voit les massifs majestueux et sublimes
Dans ce calme absolu éternel et intime
Elle voit des labyrinthes moussus et colorés
S’enfoncer dans des abimes encaissés

Elle entend perdu dans les monts désertiques
Les torrents rageurs s’abimer dans des gorges chaotiques
Elle entend les rus, rebondir, sauter de roches en pierres
Pour plonger et disparaitre vers de douces clairières

Quand elle est en altitude dans l’isolement des immensités
Elle se sent si bien, si légère, si heureuse, toute à sa curiosité
Elle marche au hasard ; gravis les sentiers les plus rudes
Escalade la roche aux nobles altitudes.

Puis, comme une biche en pleurs qu’on effaroucherait
En croquant une fleur dès que le matin paraît
Ma Muse aux beaux yeux se mire dans l’eau des sources
Méfiante, elle prête l’oreille en de sauvages courses

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Bel et bien, dans ces lieux magnifiques et distants
Bel et bien par les animaux et le vent
Bel est bien avec pour compagnon de route le soleil
Bel et bien, même la plus frustre fleur l’émerveille

Randonneuse, la vie est faite de montagnes
De chutes inattendues, de cascades infinies, tendre compagne
Où le chemin se rétrécit sans cesse à l’horizon
Et les sommets s’écroulent s’ils n’ont pas de fondations

De paysages verticaux sublimes,
De couchers de soleils éternels sur les cimes
Mais, même au creux de la vallée la plus douce la plus enchantée
Surtout, ne jamais s’arrêter, surtout, ne jamais s’arrêter…

Gil
Ardon, le 19/11/2016

« L’amour, comme les hommes, meurt plus souvent de l’excès
Que du manque d’aliment. Il se nourrit de lui-même.
Il ressemble à ces plantes des Alpes qui vivent
En absorbant l’humidité des nuages, et qui meurent lorsqu’on les arrose. »
Jean-Paul Richter, 1829

entre Le-Rivier-d’Allemont et Saint-Sorlin-d’Arves

la montée au Col du Glandon (1924m)
et au Col de la Croix de Fer (2067m)

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Le Massif des Écrins, vu du Col de la Croix de Fer

La continuité des grands spectacles nous fait sublimes ou stupides.
Dans les Alpes on est aigle ou crétin
Victor Hugo, 2016

entre Saint-Sorlin-d’Arves et Saint-Jean-de-Maurienne


PAUSE MUSICALE
Nous approchons de l’Italie, il faut se remettre à cette fabuleuse langue…
Comme introduction :
La canzone dei vecchi amanti par Franco Battiato.


Nos hébergeurs d’un soir…

Comment oublier Gérard et Bernadette ? Cet adorable couple qui nous a hébergés à Laval. Gégé nous accueille dans son ancien bistrot avec toute la chaleur de ce jeune montagnard de 75 ans. L’Hôtel des Alpes, leur raison de vivre, cet Hôtel – Restaurant – Bar, au passé que l’on devine prestigieux, est fermé aujourd’hui. Une fin de règne, cet hôtel florissant est devenu un hébergement de passage pour les pèlerins. Mais l’accueil est toujours aussi humain et sincère, ils sont si contents de nous rendre service et de retrouver leur vieux automatismes, servir la Suze Cass’, préparer un diner dans la tradition, nous inviter à leur table et parler, parler du passé. On y sent la vie qui continue malgré tout, la petite fille qui dine avec nous, la vieille tante handicapée qui aide aux tâches et qui partage elle aussi le repas, les anciens clients qui viennent dire un petit bonjour, le fils qui a une question à poser à papa, la vie quoi !. Et Gégé et Bernadette qui ne tarissent pas d’histoires de montagnards, Gégé était chasseur alpin et guide, Bernadette s’occupait plutôt de son commerce mais aussi de l’église fermée aujourd’hui à cause de travaux de réfection à réaliser… Les preuves sont là, des photos de la vierge au manteau… Il y a aussi ces pèlerins, ces randonneurs en herbe qui passe le Pas de la Coche en cumulant les erreurs, heureusement que les hélicoptères de la protection civile sont là… Et les histoires s’enchaînent, Gégé et Bernadette sont inépuisables et si intéressants… Mais le temps passe, le temps passe agréablement d’accord, mais demain c’est nous qui passons le fameux PAS de la COCHE… A priori selon Gérard la météo n’est pas trop mauvaise.

Fatigues !!!

Au gite des Favets du Rivier-d’Almont c’est Christine qui nous accueillera : « Ah un gite c’est du travail !!!!!! 7 jours sur 7, 8 heures par jour et 4 mois dans l’année de nettoyage au vinaigre d’alcool !!! » Christine une gentille hôtesse, qui n’a qu’un rêve, marcher comme nous, en admiration devant le pèlerin… Dommage qu’elle soit une maniaque du vinaigre d’alcool. Le gîte Clairevie http://www.clairevie.com/ est lui aussi une très bonne adresse à Saint-Sorlin-d’Arves avec les très accueillants Patricia et Rico. .


Et puis ce sera le diner sur la terrasse fleurie de Saint-Jean-de–Maurienne avec le couple particulièrement chaleureux Albertine et Georges et leur amie Mary. La Mary David, près de 90 ans et toujours une pêche d’enfer, excusez-moi mon Dieu pour ce blasphème, mais je n’ai pas trouvé d’autre qualificatif pour cette femme qui a tout vu, l’école d’infirmière en cachette de son père, les longues randonnées dans le froid et la neige, le décès de ses proches et son travail d’infirmière durant la guerre. Je pourrais même dire vulgairement que cette femme, elle en a, et des comme ça – nouveau sacrilège, nouveau juron, nouvelle impiété et machiste avec ça. J’arrête là mes dithyrambes pour cette belle femme âgée hors du commun… Je revois encore ces beaux yeux bleus si présents, si accrocheurs et si vivants. Une vraie madone au caractère bien trempé à qui je dois envoyer d’ailleurs un témoignage de nos hébergements pour sa paroisse. Témoignage dont je vous fais part dans Très Chère Mary.


La Vie théâtralisée de Francesco !

Acte II, scène 2

En fond de scène un immense Tau, la croix de Saint-François, assis sur une estrade de bois, dressée, au centre de la scène, Bernard de Quintavalle. (Bernard est avec Pierre de Catane l’un des premiers compagnons de François d’Assise. Bernard distribue son patrimoine aux pauvres, comme le décrit Dante Alighieri dans son Paradis).

Mes amis les animaux…

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Bernard: C’était la fin, tu étais parti sans un mot d’adieu et tu ne reviendrais plus sous le toit des Bernardonne. Ce que Ton père Pietro voulait c’est que tu rentres dans le rang. Il ne pouvait plus supporter d’être la risée d’Assise. Il n’en pouvait plus d’être ce père moqué pour n’avoir pu empêcher son fils de se consacrer aux pauvres, aux indigents… De devenir fou comme disait la population. Il voulait que tu reviennes au bercail. Tout simplement.
Puis, écartant vite tout état d’âme, il décide de te trainer devant la justice des consuls. Mais toi Francesco, tu as l’idée de te prévaloir du statut de convers, de serviteur de Dieu, selon tes propres mots… Ton père était devenu complètement fou de désespoir. C’était le début du printemps, le ciel était bleu. Je revois cette triste scène.

Francesco rentre par la gauche et monte sur le tréteau, il embrasse Bernard qui se déplace vers la gauche. Francesco se tourne vers la droite et voit rentrer l’Evêque Guido, Maître Bernardone, dame Pica et la suite de l’Évêque. Ces nouveaux ne montent pas sur le tréteau. François s’adresse à l’Évêque.

Mes amies les fleurs…

Francesco : Oui, Monseigneur, c’est vrai. J’ai volé. Tout ce que mon père vous a dit est pure vérité. J’ai volé des étoffes précieuses. J’ai pris un cheval pour aller vendre à Foligno. Et j’ai vendu le cheval aussi sur le marché.

Guido : Pourquoi, mon fils, ce grand besoin d’argent ?

Francesco : Pour relever les églises qui s’écroulent, et pour soulager les pauvres. Service du Christ!

Guido : N’as-tu pas réfléchi qu’un bien mal acquis ne saurait être consacré aux besoins de l’Église?

Francesco : J’entre dans le chemin d’une pénitence qui ne finira qu’avec ma vie. J’ai offert mon corps et mon cœur. Je donnerai ma vie.

Pietro di Bernardonne : Attention, seigneur Évêque ! Le voilà qui s’emballe sur son dada de sainteté. Brisez-lui son orgueil. Voilà toute l’affaire. Donnez-lui des ordres, si vous êtes son chef.

Guido : La volonté de Dieu…

Bernardonne : Et qui me dis que la volonté de Dieu soit en cause ? Qui m’assure que mon fils n’est pas en butte au tentation de l’esprit malin ?

Francesco : Mon père n’exigez point de moi ce qui n’est pas en mon pouvoir : que je renonce à Jésus !

Guido : Hé… mon ami, je compatis de toute mon âme à votre douleur. Mais, dites-moi, je vous prie, que pensez-vous qu’il deviendrait désormais, ce fis, s’il vous était laissé ?

Bernardonne : Un drapier comme nous, un bon citoyen, un bon paroissien, un père de famille, un homme utile, enfin un honnête homme. N’est-ce pas ma femme ?

Dame Pica : Un homme heureux. Francesco, souviens-toi que je t’ai porté, nourri, élevé… que je t’ai tout donné. Naguère encore, je t’ai tiré de la maladie, mon enfant, je t’ai repris… de ces mains que tu ne connais plus… à la mort.

Dame Pica et Pietro, s’arrêtent de parler, ils pleurent ! Un silence lourd s’installe.

Guido : Ne pleurer pas, dame Pica, Pietro di Bernardonne, Dieu fera des merveilles, je vous le promets… Et vous , Pietro Bernardonne, ne disputez pas davantage au Seigneur sa créature. Le monde a besoin de saints.

Mes amis les papillons…

(à suivre…)



« La marche
est une forme élémentaire de résistance, de retrouvailles avec le monde »
par David Le Breton, auteur de
« Marcher. Eloge des chemins et de la lenteur  » (Métailié 2012).

Un monde de l’amitié, de la parole, de la solidarité

« Mais tous les sens sont à la fête dans leurs déclinaisons différentes, selon les saisons ou l’heure du jour. Même le goût n’est pas oublié quand l’été, par exemple, pourvoit à foison les myrtilles sauvages, les framboises, les prunes, ou en cet automne, les champignons ou les châtaignes.

Dans un temps ralenti, le marcheur fournit un effort à la mesure de ses ressources physiques propres. Il décide seul de ses heures ou de ses journées. Rien ne l’empêche de faire une sieste au bord de la route ou de musarder devant une rivière ou un lac, ou même de s’y baigner. Il ne va pas plus vite que son ombre. »

6 réflexions au sujet de « Les ALPES – Pas de la Coche »

    • Chut…
      Pas un mot, pas un bruit, le silence… La douceur d’une pause, le calme d’un arrêt, la délicatesse d’un répit … Motus, la Paix, Vos gueules les mouettes, du Calme merde… Taisez-vous et contempler dans les nues Le Grand Corbeau Indigo qui plane doucement, bellement, avec art assurément mais avec vigueur, énergie… et… vitalité… Admirer l’élégance, le chic, la grâce, la distinction de cet oiseau qu’on dit royal…
      Chut… Aimer simplement cet instant.

      « Corvus Corax Indicum »

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  1. merci pour ce merveilleux pelérinage que nous faisons grâce à vous par procuration,avec nos amicales félicitations et notre très bon souvenir de votre passage,Bruno et Gicou(st Cyr le chatoux )

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    • Bonjour Gilberte et Bruno,
      Que c’est agréable de vous lire et à ce moment tout revient : votre accueil, votre ferme, les quenelles somptueuses de César, les moutons et les nombreux échanges que nous avons eu durant cette trop courte rencontre.
      Comme vous pouvez le voir le cheminement continue avec son lot si diversifié de bonheurs, de rencontres, de paysages… et pourtant aussi quelques fois de douleurs (supportables) physiques… Il y a du dénivelé !!! Nous pensons qu’en ce moment vous voyez de chez-vous le Mont-Blanc enneigé, mont affreux, mont sublime ??? C’est l’objet de mon dernier article sur les Alpes que je viens d’envoyer.
      Nous vous embrassons affectueusement et souhaitons que vos désirs (quelques-uns pas tous !!!) se réalisent durant 2017… Gil&Dom

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